Wonderwall #11
Regard
Alber
Depuis quelques années des murs de France et d’ailleurs se couvrent d’un visage, imaginé et décliné par ALBER, pur produit de la planète graffiti et street art.
ALBER découvre le graffiti à 15 ans et se considère d’abord comme graffeur, la notion d’art n’est apparue que plus tard. Il y avait avant tout le plaisir de peindre, l’ivresse de la liberté, les copains avec lesquels il crée, adolescent, le groupe KTM et VIRTUAL TIME’S.
Une identité forte avant tout. La passion reste intacte et ALBER se détache peu à peu des codes du graffiti à la recherche d’une expression plus personnelle. Du graffiti il conserve la fluidité du geste qui trace des lignes et court sur la surface, mais les lignes et les formes s’assemblent en une représentation figurée. L’application de la couleur à la bombe, tradition oblige, donne relief et lumière à ces assemblages révélant un visage aux proportions démesurées, de face, de profil ou de trois-quarts, le regard bleu et fixe sous les lourdes paupières. Regard en coin tel un guetteur ou un veilleur.
Ce personnage devient la signature d’ALBER qui, de graffeur devient street artiste préservant sa liberté de peindre où il veut, quand il veut. Le passage à la toile se fait peu à peu, redimensionnant le propos sans rien lui ôter de sa puissance. Ainsi, ALBER applique sur toile les mêmes codes que sur les murs et continue de faire cohabiter les deux supports.
REGARD
Alber développe un style technique et exigeant, sur murs et sur toiles. À la recherche du trait parfait, ses courbes précises, ses aplats proprement découpés et ses personnages de plus en plus inspirés du réelle sont les dénominateurs communs à l’ensemble de son travail. Souvent en camaïeu, les visages dans l’œuvre d’Alber se sont imposés après quelques années de recherche autour d’un graffiti plus classique. Éléments centraux dans la proposition artistique du graffeur, les regards, ces fenêtres sur un monde intérieur, sur l’intime et le non-dit, sont rarement francs. Ils sont parfois défiance ou affirmation hautaine d’une supériorité sur l’autre, ils sont parfois séduction et en recherche de reconnaissance. Les personnages créés par l’artiste sont habités par une émotion subtile ; le spectateur en est le témoin. Laissé libre de toute interprétation, il ne s’agit alors que de jeux de regards entre lui et la toile où l’observé n’est pas toujours celui que l’on croit.